Tel quel

Série en cours depuis 1999

Tel quel


En 1999, juste avant le changement de millénaire, j’avais décidé de ne plus coloriser mes tirages argentiques en noir et blanc avec des albumines, mais d’utiliser des films couleur du commerce.
Depuis cette période, la série Tel quel se construit librement, sans concept ni projet défini. Images inattendues croisées en chemin, elles se présentent à mon regard, tel quel, à prendre ou à laisser. Je réalise aujourd’hui que parmi cet ensemble conséquent, « réservoir de possibles », figurent des sujets explorés ensuite, au fil des années, dans beaucoup de séries issues de résidences, missions ou projets personnels: la thématique de l’eau, le végétal dans l’urbanité des villes, le monde des arbres et celui des cimetières. La liberté et la spontanéité qui sous-tendent ces photographies, le ressenti qui n’exclut point la pensée, se révèlent le fil invisible qui connecte toutes mes séries photographiques. Il y est toujours question des métamorphoses du paysage, de sa capacité à nous tendre un miroir. Il est aujourd’hui le révélateur impitoyable du rapport ambigu que l’humain entretient avec l’espace qui l’entoure. Insidieusement ou violemment s’y inscrivent les prémices d’un futur sans égard pour l’habitabilité du monde. Mais à l’opposé d’une approche systématique, parfois réductrice de la mutation inexorable du paysage soumis au dérèglement climatique, se constitue dans Tel quel, dans la durée, au fil des mois et des saisons, des lieux et des voyages, une suite d’images de rencontres portées par une attention sensible aux paysages traversés, naturels ou urbains, et à leurs fragilités et constellations singulières. Quels qu’ils soient et tels qu’ils sont.

Beatrix von Conta, 2025

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