Surfaces de contact a été réalisé à Samatan dans le Gers dans le cadre d’une résidence « Écritures de Lumière », programme d’éducation à l’image du Ministère de la culture et de la communication, en partenariat avec le Centre de Photographie de Lectoure.
2009
Surfaces de contact
Routes, chemins, sentiers, traces. Cicatrices de l’errance et empreintes de passage. D’innombrables sillons gravent le paysage et tissent les réseaux des va et vient, d’ici vers là, ou l’envers. Toiles d’araignées aux dessins aléatoires que l’homme fabrique depuis la nuit des temps. Éternel migrant, l’homme se déplace, s’égare souvent, se déporte parfois. Il transporte avec lui coutumes et habitudes, espoirs et incertitudes. Le paysage résonne de ses pas, il porte les empreintes indélébiles de sa présence. La nature s’est retirée derrière les conquêtes et les ravages de la civilisation.
Le paysage du Gers, étendu et vallonné, avec alternance de monocultures à perte de vue et patchworks de cultures agraires plus anciennes, tourne le dos aux cimes enneigées des Pyrénées. La verticalité de la haute montagne lui fait défaut. Il vit de la part du ciel qui se pose sur la ligne fictive de l’horizon, frontière introuvable sur n’importe quelle carte d’état major. Frontière magique qui, au lieu de barrer l’espace, invite plutôt à questionner l’autre versant du visible.
Le paysage figure le support du rêve. Celui d’un ailleurs inconnu mais accueillant, utopie forcément possible. Mais les pas s’y perdent et dans le jeu des échelles que lui tend le paysage, l’homme finit par endosser l’habit d’un figurant miniature. Pion qui confond le reflet de l’autre versant avec sa réalité.
Dans ce travail, qui découpe et oppose les surfaces de contact de réalités différentes, le paysage érige face à celui qui le traverse, telles des stèles verticales, des miroirs de la taille d’un homme. Mirages rectangulaires, dans lesquels le passant croisera, le temps d’un arrêt, son double, son reflet éphémère. Il renverra à son image et sa démesure l’homme en partance.
A la croisée des chemins, émergents du sol, amarrés ou tenus, les miroirs se feront marqueurs du paysage et capteurs d’images, formant ainsi d’étranges panneaux publicitaires pour des voyages à destinations lointaines.
Ce projet qui pointe la solitude du paysage et de celui qui le traverse, face aux bruits d’un monde en accélération constante, n’a pas été réalisé en solitaire. Un petit groupe d’élèves du lycée professionnel Clément Ader de Samatan a vécu avec moi l’expérience sans mode d’emploi de ce chantier créatif. Et selon les situations sur le terrain, certains élèves ont été amenés à jouer les rôles de techniciens, figurants ou porteurs. Les surfaces de contact ont ainsi été multiples.