Provence. Mot de passe magique pour entrer dans cet univers que le touriste associe au soleil et à la mer. Tel un oiseau migrateur, il aime se poser aux endroits déjà balisés par les photographies que les documents consultés avant son départ lui ont fait miroiter comme la quintessence de la région. Mais les chevaux de Camargue ne sont pas toujours aussi blancs, les cigales invisibles pour l’œil du néophyte, le mistral attise le feu qui dévore les massifs de pins  interdits aux promeneurs et le soleil, en été, est brûlure et non douceur. La rencontre avec nos clichés préférés se fait parfois dans la déception. Mais ils résistent et se portent plutôt bien.
L’arbre cache souvent la forêt et la carte postale, ambassadrice fidèle et répandue du cliché provençal, fréquemment, le présentoir. Ces tourniquets sur roulettes sont pourtant indispensables à sa diffusion, permettant d’en disposer un maximum dans un minimum d’espace.
 
Dans cette série de photographies couleur argentiques se joue le détournement de la notion du cliché et de la carte postale par le biais d’un dispositif de petits miroirs qui évoquent – et provoquent – la fragmentation du paysage et de sa réalité visible en de multiples « trompe-l’œil ». Une pure fiction de vraies images interrogeant la fonction et la perception de ce qui incarne d’une façon réductrice et stéréotypée l’image d’une région : la Provence.