La série Les Infiltrés, est issue d’une commande de création du Grand Lyon.
2010
Les infiltrés
Toute ville est un aggloméré d’Histoire et d’histoires. Par définition, elle s’étale, avance et grignote sur l’espace non-bâti, végétal ou minéral, qui l’entoure. Organisme vivant, elle bouge. Mais cette étendue à dominante grise, polluante malgré elle, se fait infiltrer avec force par ce dont l’homme ne peut se passer et ce qui devient aujourd’hui dans la politique urbaine une préoccupation constante : le vert. Le terme assez vague d’espace vert désigne une enclave d’où les murs ont reculé. Un territoire délimité, plus ou moins vaste, cultivé et entretenu, parfois prestigieux, et qui réintroduit via le cycle des saisons visibles et sensibles la notion d’une temporalité saisonnière, d’une reconnexion aux éléments. Un poumon vert. Indispensable.
Mais ces territoires préservés, repérables et mises en valeur jusque sur le plan de la ville, font oublier les anonymes, ces zones végétales qui, au détour d’une rue, d’un escalier, au cœur d’une zone industrielle ou au fond d’une cour, telle la ponctuation dans un texte qui rythme la lecture, font ralentir le pas, divaguer l’esprit, respirer.
Au centre des Infiltrés, exploration du Grand Lyon en 2010, j’ai placé la présence du végétal insoumis qui illumine et met en relief l’écriture singulière de la ville. Alors les photographies se présentent comme des traces de poches de résistance végétale, petites ou grandes, modestes ou prestigieuses, confrontées au minéral urbain et à la stratification de la ville.