Hong Kong

2016

Hong Kong, au-delà des clichés


À l’automne 2016, une carte blanche* m’a permis d’explorer pendant un mois la ville de Hong Kong.
Dans l’imaginaire collectif, cette mégapole d’environ 7 millions d’habitants, 3e centre financier du monde, se présente sous forme d’une concentration vertigineuse de gratte-ciel, construits par les plus grands architectes, agglutinés autour de Victoria Harbour. Le cliché parfait, véhiculé par Shutterstock ou Instagram, qui avait également influencé l’idée, forcément erronée, que je m’étais faite de cet immense territoire.  Mais Hong Kong est loin de n’être que ce mirage.
Hong Kong est à la fois compression et dilatation. Une excroissance improbable couvrant une superficie de 1104 km2, dont seulement 20% sont constructibles vu le relief montagneux. Le « mirage » ne se résume qu’à 40% de sa superficie, les 60% restants sont formés par les New Territories  annexés par l’Empire britannique en 1898. Situées sur la côte sud de la Chine, ces étendues paysagères au relief volcanique sont parcourues de chemins de randonnée, constellées de villes-dortoirs austères et tentaculaires pour absorber le flux des migrants chinois et parsemées de villages en tôle aux populations d’une grande précarité. Des villes satellites en construction, grignotant jour et nuit l’espace encore inoccupé, jouxtent des terres toujours exploitées avec des pratiques agricoles traditionnelles. Hongkong est un fascinant et déroutant patchwork, un laboratoire paysager échappant à toute logique, orienté vers un futur qui semble faire l’impasse sur le présent.
Dans cette ville où l’on finit par ne plus dormir, où tous les sens sont sollicités dans un chaos de ressentis et où le nombre ne se conjugue jamais au singulier, j’ai fait l’expérience d’un voyage jubilatoire. Je me suis jetée dans l’aventure hongkongaise sans a priori, réceptive et sensible aussi bien aux âpres paysages sous forme de puzzles incongrus des New Territories, déchirés entre un futur dévorant et un passé aux racines dissoutes, qu’aux marchés traditionnels sur lesquels s’achètent fleurs, poissons, oiseaux, entassés par milliers dans des boutiques identiques.
J’ai renoncé aux guides touristiques et aux visites incontournables. J’ai passé des heures dans les transports en commun, toujours bondés, et j’ai marché des kilomètres sous la chaleur qui fait couler la sueur dans les yeux, juste désireuse de m’approcher au plus près de la réalité de ce territoire, son inextricable foisonnement et ses insurmontables contradictions.

    Beatrix von Conta, 2011

* Résidence photographique réalisée à Hong Kong et initiée par l’Alliance Française, le Hong Kong International Photo Festival et Diaphane – Pôle photographique de Picardie
Série exposée en 2016 au Hong Kong International Photo Festival, en 2017 lors des Photaumnales de Beau­vais et en 2018 à Paris Photo, stand de la galerie Le Réverbère, Lyon.

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