En Fer

En Fer : Commande de création de la Principauté de Monaco et du Grimaldi Forum, Monaco.
Tirages argentiques, solarisations sur papier photographique, mises en couleur aux albumines, pièces uniques.
1998-1999

EN FER


De bruit, mais pas de fureur… Le futur Grimaldi Forum se présente à mes yeux comme la  grotte d’Héphaïstos, dieu des métaux et de la métallurgie, capable de tous les prodiges techniques. Immergée dans ce labyrinthe à ciel ouvert, casquée et bottée, j’arpente les méandres d’un univers en construction dont la logique m’échappe.
Orchestrés par une main invisible, s’élèvent dans le plus grand désordre, mais simultanément, ici un mur, là un pont, plus loin un échafaudage dont la hauteur donne le vertige. Mon regard suit l’écriture des innombrables structures en fer dessinant des espaces imaginaires, fragiles comme de la dentelle, malgré l’extrême résistance des matériaux. Le mikado d’un géant.
Ces emboîtements tubulaires, lignes métalliques gris argenté, forment des installations éphémères, réagencées en fonction de l’avancement du chantier. Leur montage minutieux permet la pose du ferraillage, garant de la stabilité ultérieure. Aujourd’hui encore visible, ce monde de fer est voué à la disparition. Démonté ou englouti sous des tonnes de béton, il constitue pourtant le squelette autour duquel se fixe la matière. C’est ce monde-là dont je souhaite garder une trace.
Au laboratoire, forge de la lumière, je réduis par la magie d’un éclair en une surface grise ce que les constructions en béton, encore inachevées, suggèrent comme volume et profondeur. C’est sur ces strates transformées et compactées en support d’écriture que s’appuie l’alphabet des lignes métalliques.
Barres d’acier, poteaux, bouquets de fers torsadés, treillis soudés : matériaux travaillés au rouge du fer, couleur proche de sa fusion. Des traces de couleurs transparentes les recouvrent, évoquant la mémoire de cet état brûlant de la matière. Elles constituent le fil d’Ariane qui guidera la recherche du regard vers une nouvelle géométrie de l’espace.

    Beatrix von Conta, 1998

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