Mon échappée plutôt improvisée à Barcelone a précédé les élections parlementaires catalanes du 21 décembre 2017 suite à la dissolution du Parlement, mais la sensation palpable d’un bouleversement incontrôlable a certainement influencé ma perception lors de ma venue en novembre 2017. Dans cette bouillonnante capitale de la Catalogne, ville complexe et cosmopolite, résistante et anarchiste, marquée par le modernisme catalan et la figure emblématique d’Antonio Gaudi, j’ai été submergée par la violence des contrastes, l’omniprésence de la foule, le bruit permanent, le chaos d’un urbanisme où tout se mélange, vieux et neuf, friches en réhabilitation et réalisations résolument contemporaines. Remettant sine die les obligations touristiques, je me suis laissé porter vers les franges de la ville. J’ai choisi de passer à côté, fuyant les flots de passants qui animent les rues jour et nuit et les queues de touristes devant les monuments « trois étoiles », pour chercher des images silencieuses, autrement pleines. Mes photographies collectionnent des fragments, des brisures d’une réalité qui échappe, à l’image d’un kaléidoscope qui re-forme par d’infinies combinaisons des éléments pourtant déjà existants.